Les Hanbok de la designer Inohjudan

Les vêtements traditionnels coréens

Seoul|Corée du Sud

Après des études de mode aux Etats-Unis, la designer coréenne Oh In-Kyung se forme à la confection de vêtements traditionnels coréens auprès de la styliste Lee Young-Hee, puis crée sa propre marque de Hanbok, Inohjudan. Tout en restant influencées par l’époque Joseon (1392-1910), les créations de Oh In-Kyung se libèrent des codes formels liés à la tradition du Hanbok, par un choix personnel des couleurs et des tissus.

 


01. Comment avez-vous commencé à fabriquer des Hanboks ?
Un jour, quand j’étais étudiante, j’ai regardé le film Coréen Untold Scandal. Une des actrices portait un Hanbok différent de ceux que je voyais d’habitude. La forme, et surtout sa couleur, étaient très belles. J’ai alors commencé à m’intéresser aux Hanbok, jusqu’à prendre la décision de devenir designer de Hanbok. J’ai donc recommencé en partie mes études.

J’aime le Hanbok de l’époque Chosun, à partir du XVIIIè siècle. Au XVIè siècle, la coupe était plus droite, la veste (Jeogori) était plus longue et large, tandis que la jupe (Chima) s’arrêtait sous le buste. Au XVIIIè siècle, le Jeogori s’est raccourci et s’est ajusté au niveau de la poitrine. Cette version me plaît plus. Il vient compléter et rééquilibrer la forme élégante du Hanbok, caractérisée par le volume bombé de la jupe qui affine la taille. Pour moi, la silhouette féminine doit être mise en valeur.

Mon travail consiste aujourd’hui à réinterpréter cette tenue traditionnelle, avec ma sensibilité. Tout en conservant la beauté originelle du Hanbok, je cherche à lui donner une forme qui me plaît, créer mon propre design. À l’époque où j’étudiais à l’étranger, j’étais particulièrement sensible aux éléments traditionnels Coréens. J’avais conscience que ces choses étaient uniques et résultaient de notre histoire. J’ai compris à quel point tout cela était précieux et combien il était important de préserver notre patrimoine. Mais tous ces éléments sont aujourd’hui noyés dans la société Coréenne. Pour nous, il est difficile d’en saisir la valeur.

Je fabrique les éléments des Hanboks selon les techniques traditionnelles que je trouve dans des documents anciens. En effet, les parties du vêtement nécessitent chacune des techniques de coutures différentes. Cela me permet donc de savoir ce que je souhaite conserver et/ou modifier.

02. Vous utilisez le coton pour fabriquer vos Hanboks, alors que traditionnellement ils sont en soie.
Je souhaite faire redécouvrir notre costume traditionnel, et le rendre accessible au quotidien. La plupart des gens pensent qu’il est inconfortable. Je cherche donc la forme et le tissu les plus adaptés à la vie d’aujourd’hui. La soie est difficile à conserver, de plus, sa texture n’est pas adaptée à la vie de tous les jours. Les propriétés du coton me permettent d’essayer plus de choses qu’avec de la soie. Au début avec le coton, j’avais beaucoup de difficultés à conserver la forme particulière du Hanbok : les techniques traditionnelles de fabrication étaient faites pour la soie. Au bout de deux ans, j’ai pu développer mes propres techniques.

Je discute beaucoup avec mes clients avant de fabriquer leur Hanbok, je leur demande de m’expliquer ce qu’ils souhaitent avant de leur montrer les tissus. J’essaie de leur faire découvrir de nouvelles choses.

03. Comment avez-vous trouvé votre atelier?
J’aimais le fait que cet atelier avoisine le palais Changdeok. Dans mon atelier, il y a une petite fenêtre à travers laquelle on aperçoit la forêt Biwon et le jardin royal. Quand je suis arrivée, c’était un quartier très calme, mais il y a de plus en plus de commerces qui viennent s’installer ici. Heureusement, grâce à la proximité du palais, il ne pourra jamais complètement se transformer.

04. Que pensez-vous de Séoul?
Séoul a bénéficié de l’histoire de plusieurs millénaires. La ville s’est considérablement développée au fil du temps. Mais je crois que ces bouleversements ont aussi engendré beaucoup de dégâts et que nous n’avons pas été capables de préserver certains aspects de notre culture. C’est la raison pour laquelle Séoul m’inspire une pointe d’amertume ces derniers temps.

 

© COPYRIGHT URBANTYPER

 

https://www.inohjudan.com/

 

 

 

 

 

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