Quand on l’interroge sur les textures qu’elle aime, Misu Kim cite la douceur de son chat, la surface lustrée d’un bureau usé et la rugosité de la laine d’un pull qui vient d’être tricoté.
C’est dans un marché aux puces de Paris que la créatrice coréenne Misu Kim tombe un jour sur le roman « La femme à barbe ». Le livre raconte l’histoire d’une femme tout à fait ordinaire qui devient fièrement célèbre grâce sa pilosité particulière : elle est barbue. Trouvant écho avec son souhait de faire surgir le spécial de l’ordinaire, le livre inspire le nom de la marque de design qu’elle fonde en 2010.
Née a Seoul en 1985, Misu Kim arrive a paris en 2006 où elle étudie la mode à Studio Berçot. Elle travaille chez Maison Martin Margiela, Bless et Bernhard Willhelm avant de fonder sa propre marque, Misu à Barbe. Misu à Barbe utilise le tricot pour raconter des histoires et imaginer des vêtements spéciaux et uniques faciles à porter au quotidien.
Rencontre
Misu à Barbe est une marque de design spécialisée dans le tricot. Mes projets ne se limitent pas qu’aux vêtements. Je m’intéresse à toutes les choses liées à la vie quotidienne. J’utilise la laine comme moyen d’expression. J’aime le tricot car c’est une activité laborieuse mais qui ne demande pas d’effort physique. Ma mère et ma grand mère faisaient du tricot. Je m’y suis donc mis très naturellement.
Quand j’avais une vingtaine d’année, j’ai beaucoup déménagé en Corée et en France. Ça a été une expérience enrichissante qui m’a ouvert l’esprit et m’a aidé à me forger mes propres goûts. À Paris j’ai appris à exprimer mes pensées et à être sensibles aux choses simples. Maintenant j’habite à Séoul. J’ai trouvé un équilibre et je me sens chez moi. Je sais que je vis en faisant ce que j’aime, entourée des gens que j’aime. C’est une sensation précieuse. Ce n’est pas vraiment grâce à la Corée mais grâce aux gens qui m’entourent.
Comme on peut le deviner, j’aime beaucoup les éléments naturels.
Mes différentes collections portent le nom des thèmes qui les ont inspiré : la forêt, la maison, le sable et la pierre. À travers Misu à barbe je montre ce que j’aime, mes goûts. Ce que je vois et raconte devient ainsi le thème de chaque collection. Des fois je trouve l’inspiration dans les livres que je lis. À Paris je passais des journées entières à regarder des livres dans les bibliothèques.
La collection 2014 F/W est l’une de mes collections préférées. J’ai l’impression d’être devenue plus mature à mesure que la collection avançait. Un jour, alors que je me promenais dans la rue, mon attention a été attiré par une pierre. J’ai tout de suite pensé au prénom typiquement français Pierre, mais aussi aux gens qui travaillent dans les mines. J’ai imaginé une histoire que j’ai lié avec un design. Pour présenter cette collection, j’ai fais appel à des modèles non-professionnels. Kwangho Lee est designer de meuble et Jeong-eun Oh est patissiere. J’ai travaillé avec eux parce que je trouve que cette collection leur correspond bien. Ce sont en plus des amis proches.
Cette année, Misu à Barbe fête ses 6 ans. J’ai eu beaucoup de chances de pouvoir faire pleins de projets, avec des thèmes différents. Ca m’a permis de diversifier mon travail. Je me rappelle qu’une année en décembre, j’ai fabriqué un immense ours en peluche avec l’agence Allée pour noël. Ce souvenir reste gravé dans ma mémoire parce que c’était à la fois amusant et dure ! Pendant une semaine, j’ai tricoté cette peluche.
Dans l’avenir, je voudrais élargir mon travail. Une collaboration est prévue avec le musée Daelim, ainsi qu’avec plusieurs marques de produits lifestyle.
