Depuis Manali, destination touristique prisée dans les hauteurs de l’Himalaya, prendre un petit sentier à l’écart de la vieille ville. Passer une rangée de bouis-bouis, puis une poignée d’habitations isolées. A flanc de montagne et le long de la rivière Beâs, une route en terre invite le visiteur à quelques heures de marche paisible. Vous croiserez des habitants locaux, une horde de singes bruyants, quelques chiens de montagne. Au détour d’un virage, vous arriverez à un village aux allures assez singulières, avec ses maisons en bois typiques, ses toitures en ardoises irrégulières, ses tapis bariolés suspendus aux balcons, et ses deux ou trois bâtiments flambant neufs, à la modernité tapageuse.
Ici, dans les cours baignées de soleil, des femmes de différentes générations s’affèrent autour du métier à tisser. Tandis que l’une file la laine de brebis, une autre prépare les fils selon leurs couleurs. Assise devant un imposant métier en bois, une troisième manie la perche avec dextérité, entrecroisant le blanc au vert, le violet au rouge. Pendant près de six semaines, elle travaillera sur ce pattu, vêtement traditionnel de l’ouest de Himalaya. Epais tissu de 2 mètres sur 1,50 mètre en laine pure, réalisé à partir de couleurs naturelles, le pattu est le vêtement idéal pour affronter le climat des montagnes. Enroulé autour de la taille et accroché sur les épaules à l’aide de broches, il offre différents types de motifs et de qualité. Généralement à carreaux, parfois de couleur unie avec une bordure colorée, il peut également servir de couverture ou de courtepointe. Les femmes les confectionnent tour à tour à des fins personnelles mais aussi pour les vendre sur le marché à un prix local parfois élevé.