Figure influente de la scène artistique américaine, Ellsworth Kelly est un peintre sculpteur et dessinateur connu pour son œuvre abstraite aux larges aplats monochromes et au dépouillement radical.
Puisant son vocabulaire pictural dans l’observation du monde qui l’entoure, ses œuvre sont des transferts de détails architecturaux, plantes, ombres et autres phénomènes visuels réduits à leur plus simple configuration. Ellsworth Kelly élimine de sa peinture les aspects tels que la représentation, la narration, les effets de lumière et de pinceau.
Né à Newburgh, à New York en 1923, Ellsworth Kelly est le cadet de 3 garcons. Solitaire, il passe une grande partie de son enfance tout seul, à observer les oiseaux, les insectes et les plantes. Après des études d’art et de design à l’institut Pratt de 1941 à 1942, il s’engage en 1943 (en pleine seconde guerre mondiale) dans l’armée pour rejoindre l’unité de camouflage appelé « the ghost army » dont le rôle était de détourner les soldat ennemis avec des leurres, des camouflages, tels que des tanks gonflables, etc.
Une fois la guerre terminée en 1945, Kelly étudie au musée d’art à Boston pendant deux ans puis en 1948, s’installe à Paris pour un séjour de 6 ans où il s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts. Il y développe sa réflexion sur la relation dynamique entre forme et couleurs.
Plant drawing
Durant cette période française, il réalise ses premiers dessins de plante qu’il poursuivra tout au long de sa carrière en parallèle de son travail de peinture et sculpture abstraites. Représentations linéaires de fleurs, branches et feuilles, ses dessins sont reconnaissables par leur lignes épurées et précis et leur tracés fluides et organiques. Refusant les effets d’ombre et de texture, Kelly met l’accent sur la forme plutôt que le volume, suggérant la profondeur par un jeu de chevauchements, croisements et variations des traits. A l’instar de ses grandes peintures, les Plant drawing démontrent une abstraction réductrice caractéristique du style de Kelly. Il décrit d’ailleurs ses dessins de plantes comme une sorte de pont vers l’abstraction. Pourtant, à l’inverse de ses tableaux, ses dessins restent identifiables.
Basés sur une observation « scientifique » des plantes, ses dessins refuses toutes expressions personnelles dans le trait et compositions. Vu dans leur ensemble ses dessins de plantes peuvent évoquer une version minimaliste d’une encyclopédie horticole. Pourtant, à ses yeux, les plantes ne sont pas de simple spécimens ou espèces biologiques anonymes mais sont comme des portraits, correspondants chacun à un moment et à un lieu particulier où l’artiste s’est rendu. D’ailleurs, pour lui, l’action de trouver et choisir la plante ou la fleur importe autant que l’acte de dessiner.
« Chaque dessin que j’ai fait, je l’ai trouvé »
Dans un processus quasi organique, les dessins témoignent de l’attirance quasi mystique de Kelly pour l’abstraction dans le monde végétal.